Il y a de cela deux mois, une affaire faisait grand bruit dans la presse autour de l’univers du jeu et des casinos. En effet, le groupe Partouche avait été accusé de fraude fiscale et de blanchiment d’argent, tout juste après les arrestations de trois directeurs. Affaire à rebondissements, nous ressortons à présent le dossier, car la firme a décidé de contre-attaquer cette semaine. Mais avant de rebondir sur cette nouvelle, il nous paraît judicieux de vous rappeler un peu les faits…
C’était en mars 2018…
On a pu voir alors les actions du groupe Partouche chuter dangereusement, de près de 20% et ce, en l’espace d’un simple week-end. La cause de cette variation brutale ? Une annonce-choc dans les médias de l’arrestation de sept membres de la firme. Parmi ces personnes interpellées, on retrouvera alors trois directeurs. Les autorités avaient donc rendu visite aux 3 casinos Partouche de Bandol, de Cannes, et de la Grande-Motte, suite à de très forts soupçons de fraude fiscale et de blanchiment d’argent. Il y a fort à parier que l’année 2018 soit bien plus difficile, pour le groupe, que prévue. Si Partouche avait déclaré des résultats satisfaisants pour 2017, il n’en sera certainement pas de même pour le bilan de 2018.
Les parties de poker illicites
Après l’enquête on apprenait que Partouche dissimulait en fait des grosses parties de poker. Le géant de l’industrie, numéro 2 des casinos de nos chers voisins français, est en très mauvaise posture depuis qu’il a subi plusieurs attaques de la part de la police. Une sombre affaire autour d’un cas grave de fraude fiscale, de blanchiment d’argent et de tenue illicite de jeux et de hasard. Un rapport de police qui est plutôt inquiétant pour la firme qui se voit accusée par les autorités d’avoir organisé des parties de poker beaucoup plus importantes que ce qui était déclaré. Des parties qui ont eu lieu dans certains casinos du groupe depuis près d’un an et demi et qui avaient en fait lieu de façon dissimilée. En effet, les responsables ne déclaraient qu’une fraction de l’argent qui était mis en jeu selon les éléments qui ont été révélés ; une manière de masquer un montant déclaré qui « était parfois 20 fois inférieur à celui réellement joué ».
L’enquête étant en cours, Roulette.be ne peut à ce jour vous donner plus d’informations sur ces sommes pour le moment et de précision sur ces montants, mais nous imaginons au sein de la rédaction que ceux-ci étaient échangés durant des parties de cash-game high-stakes, des parties qui pourraient bien avoir impliqué des cadres de Partouche et des personnalités publiques…
L’affaire Partouche
Depuis ces dernières semaines, les trois directeurs et quatre autres personnes censées être liées à ces parties ont déjà été interpellés. Les autorités n’ont bien évidemment pas perdu de temps depuis et effectué des perquisitions, plus précisément chez l’un des directeurs Partouche à l’époque. Il faut savoir que certaines personnes auraient de ce fait touché des commissions, histoire d’organiser ou de taire la tenue de ces parties, mais également pour gérer discrètement le blanchiment d’argent qui allait avec.
C’est incontestablement une nouvelle qui a sérieusement entaché la réputation de Partouche depuis ces derniers mois, et qui risque de le brider fortement dans sa capacité à investir de nouveau cette année. En effet, si la firme avait pour projets proches d’effectuer officiellement des rénovations et d’autres travaux sur l’ensemble de son parc immobilier, elle risque de devoir orienter à présent sa priorité vers un autre projet qui sera de s’expliquer devant la justice. Sans compter qu’il devra penser probablement à commencer à rassembler l’argent qui servira à régler l’amende et la remise à niveau de son dossier fiscal. Mais le groupe Partouche n’a pas dit son dernier mot, comme nous pouvons alors le constater cette première semaine de mai avec un rebondissement dans l’affaire : une contre-attaque que nous allons à présent vous relater.
Partouche contre-attaque
Le mois de mai sera le mois de la contre-attaque de l’Empire Partouche qui porte plainte contre X, pour diffamation et violation du secret d’instruction. Il va s’en dire que tout le monde dans l’univers de la presse et du jeu se doutait que la firme ne se laisserait pas faire après ces actions en justice et cette enquête qui les discrédite aux yeux du monde entier. C’est ainsi que, suite aux attaques policières orchestrées le mois dernier contre le groupe, Partouche et son hôtel-casino le 3.14, a décidé de contre-attaquer en portant plainte contre X. Une plainte pour violation du secret d’instruction et diffamation. Il faut bien avouer que dans cette histoire, tout n’est pas tout blanc ou tout noir des deux côtés et que certains éléments de l’enquête pourraient donc laisser en effet à penser que le professionnalisme de la justice a pu être bafoué. Alors, la justice et la police auraient-elles réellement agi de façon professionnelle pour ce dossier ?
En tous cas, le groupe Partouche est bien déterminé à ne pas se laisser faire et a décidé de contre-attaquer, via un communiqué pour la façon dont l’attaque policière a eu lieu et pour le traitement de l’instruction par la suite, il y a quelques jours de cela. Certainement bien encadré par un groupe juridique de défense, le groupe met en avant qu’une caméra de M6 était présente pour suivre les policiers lors de l’interpellation des trois cadres Partouche et l’attaque du casino. Le groupe qualifie cette situation et cette présence de regrettables, insistant sur le fait qu’une caméra d’un média télévisé ait été invitée.
Partouche joue la carte « image » en appuyant que cela compromet fortement la présomption d’innocence du groupe, alors que M6 communiquait sur les faits dès le lendemain. Quelques jours plus tard, le 19 mars, le chef du service central des courses et jeux donnait ensuite une interview sur France Bleu Azur. Une interview qui peut donc être tout à fait jugée illégale. En effet, tant qu’un jugement n’a pas eu lieu, le procureur de la République est la seule habilité à s’exprimer sur ce type d’affaires.
La ligne de défense de Partouche
Cette ligne est claire et décidée par le groupe qui se déclare dans la posture de la victime dans cette affaire. En effet, ces éléments sont du pain béni pour le groupe qui a bien l’intention ainsi de contre-attaquer. Prenant en compte que M6 et d’autres médias ont par la suite parlé du fait que les établissements visés par les perquisitions allaient sûrement être fermés administrativement, le groupe estime que son image a été bafouée. Il ajoute alors que cette situation a contribué à la baisse de près de 20 % de la valeur en bourse du groupe. La direction ajoute : « Cette situation nous cause des problèmes colossaux. Il y a eu tant d’articles négatifs dans les journaux que les banques hésitent à financer nos nouveaux projets ».
On peut donc se rendre compte que Partouche ne conteste pas vraiment les accusations qui lui sont portées, mais plutôt qu’il met en cause le traitement de celles-ci. Même si nous pouvons, aux premiers abords, voir ici une sorte de jeu sur les mots, il faut bien avouer que certains éléments peuvent montrer, depuis le début de l’affaire, un manque de professionnalisme. Rien que le fait de voir des caméras de M6 être invitées aux arrestations ne joue pas en la faveur de l’accusation. La firme voit donc ici une excellente occasion de porter plainte et de demander « réparation intégrale du préjudice subi, en raison, notamment, des informations malveillantes et orientées, divulguées dans les médias ». Cette affaire n’est pas près de se terminer et il existe donc de fortes chances pour que nous vous parlions des suites de cette affaire prochainement sur notre blog.