Ce qui va changer si la FDJ se privatise

La nouvelle fait quelques gros titres de la presse financière chez nos voisins français et la une de quelques sites informatifs sur l’univers du jeu. La Française des jeux sera bientôt privatisée. Une occasion pour Roulette.be de vous dévoiler ce que cela va changer.

La FDJ en bourse

Voilà une nouvelle qui fait couler de l’encre cette semaine. La FDJ devrait en effet ouvrir son capital, et changer de statut au plus tard au début 2019. Une nouvelle action qui la guide vers une entrée en bourse pour un résultat flagrant qui, au terme de l’opération, verrait alors l’État céder environ 50% du capital de l’entreprise. Il est donc temps de faire le point sur les revenus générés par la FDJ et combien cela rapporte à l’État et de surtout évaluer quels sont à présent les principaux risques de cette privatisation.

C’est une annonce qui est officielle et le gouvernement le dit désormais avec assurance : il a bien l’intention de privatiser la Française des Jeux. On sait donc que depuis quelques jours déjà, que le calendrier se précise et que l’opération devrait donc être inscrite dans la future loi de Bruno Le Maire, entré au gouvernement en mai 2017, et devenu ministre de l’Économie dans le gouvernement Édouard Philippe, sous la présidence d’Emmanuel Macron. Une loi qui porte sur la croissance et la transformation des entreprises, qui sera présentée le 16 mai en Conseil des ministres.

La Française des Jeux et l’État

Résultats de cette annonce : on devrait voir l’État céder environ 50 % du capital de l’entreprise sur les 72% qu’il détient. Si vous savez calculer, vous constaterez donc que celui-ci ne garderait donc en fait qu’un peu plus de 20%. Mais hors de question de faire n’importe quoi avec n’importe qui. Le capital sera en effet ouvert en priorité aux salariés de la FDJ et aux buralistes, au travers d’options diverses d’achat. Mais ils ne seront pas les seuls sur le coup puisqu’un « acteur privé important », dont on ne connaît pas évidemment encore l’identité, mais qui est issu des secteurs du divertissement, de l’audiovisuel ou des paris en ligne, ferait également son entrée au capital.

C’est un marché très juteux chez les Français puisque ce ne sont pas moins de 3 milliards d’euros qui sont reversés à l’État, sous forme de taxes, chaque année. Et si ces chiffres peuvent vous donner la migraine, attendez de découvrir celui du chiffre d’affaires de la Française des jeux : un chiffre qui tourne autour de 15 milliards d’euros. Mais il faut relever également que le gouvernement souhaite maintenir à l’identique le montant des taxes, histoire de ne pas pénaliser les intérêts de l’État. Une solution judicieuse pour ne pas faire perdre de la valeur à la FDJ. Pour favoriser ce capital, Bercy veut également maintenir un monopole. Un objectif voué à empêcher le développement d’autres sociétés de jeux de hasard et donc la concurrence.

La FDJ dans le sport

Il ne faut pas oublier également que la FDJ est une source de financement importante pour le sport français. Les transactions transitent via le Centre national pour le développement du sport, doté quant à lui de plus de 90 millions d’euros dont 80% sont financés par la FDJ. Un financement alloué en partie pour la construction de stades en zone rurale ou encore de piscines dans les quartiers difficiles. Même si le gouvernement assure que ces financements seront sanctuarisés, il n’en reste pas moins que ces derniers jours, on peut voir le monde du sport s’inquiéter de cette nouvelle décision…Un point qui nous permet d’enchaîner sur une question importante à se poser à présent : cette privatisation comporte-t-elle des risques ?

Des risques il y en a…

En guise de premier risque, on peut s’alarmer de voir un probable développement excessif des jeux et surtout une publicité agressive. Le résultat en serait inquiétant puisqu’on assisterait alors très certainement à une hausse des addictions chez les Français. Le sujet a beau être très sensible, il n’en reste pas moins que beaucoup de joueurs deviennent totalement accrocs. Mais Bruno Le Maire a anticipé les critiques avec intelligence et prévoyance. Il affirme qu’à cette occasion, une autorité de régulation serait créée pour superviser tous les jeux de hasard. Mais la question que l’on est en droit de se poser à présent, suite à ce projet : vaut-il mieux réguler ou posséder ?

On n’oublie pas, pour citer l’exemple de 2014, l’affaire de la FDJ qui a dû stopper net et volontairement le Rapido, alors qu’il s’agissait ici de l’un de ses jeux les plus rentables…mais surtout également des plus addictifs. On est donc en droit de se demander si la FDJ aurait arbitré aussi radicalement et surtout de la même façon ce cas si les investisseurs privés avaient été seuls maîtres à bord…

Mais, quelles que soient les inquiétudes des uns et des autres à ce sujet, le gouvernement a bien montré qu’il avait l’intention d’aller au bout de son projet de privatisation, histoire de boucler un projet de longue date d’Emmanuel Macron, qui souhaitait déjà privatiser la FDJ alors qu’il était ministre de l’Économie. Une décision qui s’était vue contrée par l’avis du ministre du Budget Christian Eckert et du président François Hollande à l’époque, qui s’y était fermement opposé également.