Le braquage du casino de Trouville par un papy de 75 ans

2018 marque la sortie d’un nouveau roman sous le titre de Trouville casino, qui vient de paraître chez P.O.L. Son auteur, Christine Montalbetti, revient en fait sur un fait divers rocambolesque que nous ne pouvons pas nous empêcher de vous relater sur Roulette.be. Il raconte ce fameux braquage du casino de Trouville, par un retraité de 75 ans, en 2011.

Le papy braqueur de 75 ans

C’est en effet une histoire incroyable qui est relatée dans ce nouveau roman, et il nous paraît amusant de vous la conter. Nous sommes alors en 2011 et un retraité sans histoires se mettra alors à braquer le casino de Trouville, pour empocher un butin de 7000 euros. Âgé de 75 ans, le papy braqueur sera fatalement stoppé par les gendarmes, au terme d’une course poursuite sur la côte normande, à Dives sur Mer. Un scénario à peine croyable qui s’est achevé par une course poursuite entre les policiers, les gendarmes et le braqueur du casino de Trouville, un retraité qui était jusqu’à présent sans histoires et âgé de pas moins de 75 ans !

Il s’agissait pourtant d’un homme discret, confortablement installé dans un petit village de l’Orne. Alors qu’il n’était absolument pas connu des services de police, Manuel Canedo s’est enfui poursuivi par les forces de l’ordre après avoir dérobé un fonds de caisse au casino de Trouville.

Il sera alors rattrapé à Dives sur Mer par les gendarmes, et sera abattu par les forces de l’ordre alors qu’un doute subsiste sur les faits de cette fin de l’histoire tragique. Dans un premier temps, il a été dit que l’homme avait ouvert le feu en direction des forces de l’ordre alors que les dépositions des gendarmes affirment quant à elle le contraire, appuyant le fait que l’homme les aurait menacés, mais sans tirer un seul coup de feu.

Retour sur le braquage du papy retraité

Le 25 août 2011, en début d’après-midi vers 14 heures, Christine Montalbetti se repose dans le coquet salon d’un hôtel trouvillais, rue de la Plage. À quelques mètres de là, un braquage qui restera dans les mémoires est en cours au casino. Un retraité coiffé d’une casquette, dissimulant une partie de son visage par une écharpe, fait alors son entrée au casino. Il est armé d’un pistolet, calibre 6,35 et réclame avec assurance le contenu des coffres de l’établissement. Il ressortira alors rapidement avec 7000 euros en poche, tandis que les autorités, plutôt rapidement alertées, mettent alors en place un dispositif de sécurité afin de l’intercepter. Mais si l’histoire peut paraître plutôt loufoque et amusante au départ, elle n’en reste pas moins pour autant un fait divers qui prend une tournure plutôt dramatique. En effet, le Papy braqueur décidera alors d’user de son arme à feu, et blessera alors un policier au thorax, décidant ensuite de faciliter sa sortie de l’établissement en prenant une employée du casino en otage. Les choses se compliquent alors et, ne parvenant pas à sortir par la porte principale, il cherchera à gagner l’arrière du casino où la police l’attend fermement armée. Il fera alors encore une fois usage de son arme à feu, blessant un second policier au thorax, avant de libérer l’otage et de monter à bord d’un véhicule pour ensuite prendre la fuite.

La course poursuite s’engage

Alors qu’il est notamment suivi par un hélicoptère, il est alors repéré sur la départementale 27. Un premier barrage se dresse devant lui, installé sur l’axe routier à hauteur de la Croix d’Heuland. Le malfaiteur, décidément assez bon tireur pour son âge, vise un gendarme et le blesse au bras. Se sentant ensuite trop facilement repérable dans ce véhicule dont toutes les polices du coin ont eu vent du signalement, il abandonne sa voiture pour prendre la fuite à pied et s’engouffre alors dans un lotissement. Là, il prend de nouveau un automobiliste en otage, l’obligeant sous la menace de l’arme de l’aider à s’échapper. Lors d’une nouvelle course poursuite, son véhicule sera alors percuté par une voiture de gendarmerie, qui finira alors par l’obliger à sortir de l’auto à Dives-sur-Mer. S’ensuit alors un nouvel échange de coups de feu, où il sera mortellement blessé. Il sera alors au final été rattrapé deux heures plus tard, et sera abattu par les gendarmes.

Une histoire digne d’un roman

C’est en effet ce qu’a pensé l’auteure qui vient de publier Trouville casino, son treizième livre chez P.O.L et qui s’imagine qu’on peut finalement tous se reconnaître dans cette histoire, et s’identifier à la place de ce papy braqueur. Christine Montalbetti, dont la curiosité pour les histoires de braquage lui vient de son enfance, se souvient de ce fait divers :
« Ma première réaction fut un sentiment d’étrangeté. Cette histoire d’un papy inconnu de la police, qui se lève un matin et braque un casino. Cette gratuité du geste, et ce qu’il faut d’énergie pour l’accomplir, c’est presque incroyable. Ça m’a particulièrement touchée, car je suis attachée à Trouville. J’y louais régulièrement un deux-pièces, seule, pour écrire. J’allais régulièrement dans l’Eure, chez mes grands-parents. Petite, j’étais assez impressionnée par l’histoire de Mesrine, dont on disait régulièrement qu’il était dans les parages. J’ai passé du temps à écrire sur lui, à imaginer sa vie de retraité. Ça a créé une espèce de familiarité. Au final, on peut tous se reconnaître dans cette histoire, dans ce que ça suppose de chagrins ordinaires. Rien ne le prédestinait à cet acte, et pourtant… Un jour, devant l’idée que la vie se termine, il a eu envie de faire cette chose romanesque, comme une scène tirée d’un film. Ce n’était ni un travail de journaliste, ni de sociologue. Je voulais m’imprégner des lieux. Et surtout, garder cette distance délicate, et ne pas forcer les portes. Son entourage a parlé de maladie, de médicaments, d’un suicide déguisé, pour expliquer son geste. Dans mon roman, j’ai préféré laisser l’interprétation ouverte. Ce qui pousse un homme jusqu’à un tel acte est sûrement complexe. Et surtout, ça lui appartient. C’est son secret, à lui ».