La fin du mois d’octobre a signé de nombreuses nouvelles au sujet des activités de casinos et de gains de jackpots. Mais il a également été le cadre d’une décision de justice qui a fait grand bruit au sujet d’une affaire qui a fait couler beaucoup d’encre dans la presse liée aux jeux d’argent. En effet, nous avons à présent les suites de l’affaire Crockfords et ce qu’on peut dire, c’est que la décision ne tourne pas vraiment en faveur de Phil Ivey, joueur aux 9 bracelets WSOP, qui a tout simplement perdu son procès et les 10 millions de dollars qui y sont rattachés. Si vous avez raté l’affaire, une séance de rattrapage s’impose pour vous raconter cette histoire où le joueur de poker s’est en fait retrouvé accusé officiellement ces dernières semaines d’acte de tricherie au Punto Banco, une décision juridique qui lui assure de ne plus jamais revoir les 10 millions de dollars gagnés en 2012.
Retour sur l’affaire Crockford
Nous sommes alors en août 2012, et Phil Ivey gagne à ce moment la bagatelle de 7,8 Millions £, soit 9,2 Millions € au Punto Banco au Crockfords Casino de Londres. Mais cela ne se passe pas vraiment comme le souhaite le joueur, qui voit alors le casino refuser catégoriquement de le payer suite à de forts soupçons de triche. Ivey porta alors plainte pour toucher son dû et le casino contre-attaqua alors en rendant publique la méthode de triche présumée qu’aurai alors employé le joueur.
Des millions au Punto Banco en août 2012
Pour bien comprendre ce procédé de triche, il faut revenir sur ce jour où Phil Ivey se rend au Crockfords Casino de Londres, le plus vieux casino du monde, accompagné d’une jeune femme asiatique. Il joue alors des mises de 50 000 £ au Punto Banco, un jeu aléatoire et légèrement perdant habituellement où l’As vaut 1, les têtes valent 0 et les autres cartent valent leur nombre. Pour comprendre la technique, il vous suffit de comprendre le fonctionnement du jeu. Deux mains sont distribuées sur la table. Une première à destination du joueur (Punto) et l’autre à destination de la banque (Banco).
Originaire du Mexique, le Punto Banco est un jeu joué avec 6 jeux de 52 cartes, qui rassemble jusqu’à 7 joueurs autour d’un tapis en demi-lune et dont les règles s’inspirent directement du Baccara. Les participants ne s’affrontent pas vraiment entre eux, mais parient sur l’issue d’un duel entre le Ponte, qui est en quelque sorte un adversaire virtuel, et la Banque incarnée par le Croupier. Le gagnant est celui dont les cartes affichent une valeur totale la plus proche de 9, sachant que les dizaines ne comptent pas. Le joueur peut parier sur Punto, Banco ou égalité.
Ivey et sa compagne placent alors leurs mises sous le regard vigilant d’un agent de sécurité et de pas moins de10 caméras. Et c’est ici que la jeune femme rentre en action, prétextant alors être superstitieuse, elle demande au croupier de retourner les cartes « côté verso » à chaque coup et le casino accepte. Au bout d’un moment le duo se retrouve délesté de 500 000 £. Ils décident alors de jouer le tout pour le tout en demandant à jouer 150 000 £ la mise. Le casino accepte encore une fois la requête et le couple repart alors avec 2,3 Millions £ de gains, tout en annonçant leur retour pour le lendemain. Le casino se frotte les mains et se prépare à accueillir ces clients VIP qui flambent sans se soucier de quoi que ce soit. La bonne affaire pour l’établissement qui se réjouit alors de cette prochaine visite et qui acceptent une dernière doléance de la jeune femme toujours superstitieuse qui leur demande de juste pouvoir jouer le lendemain avec les mêmes cartes que ce soir-là, car ce jeu leur a porté chance.
Le retour du duo au casino Genting’s Crockford
Comme promis la veille, le duo revient le lendemain et arrive à monter leurs gains à 7,8 Millions £, soit 9,2 Millions €. Phil Ivey demande alors à ce que l’argent soit transféré sur un de ses comptes et le casino accepte. Mais Phil remarque alors que seul 1 Million a été versé par le casino sur le compte, 9 mois plus tard. Phil Ivey porte alors plainte contre Crockfords et l’affaire commence. Suite à ce gain pharaonique, le casino a en fait mené son enquête et découvert entre temps que l’accompagnatrice superstitieuse a déjà été accusée de triche et est interdite de plusieurs casinos de part le monde. Seulement, les premiers visionnages des enregistrements ne leur permettent pas de déceler ou prouver une méthode de triche. Il bloque cependant le paiement et Ivey porte plainte alors contre le casino, affirmant le faire à contrecœur et ne disposant d’aucun autre choix. Le Casino accusera alors publiquement Phil Ivey d’avoir triché en remarquant certaines cartes qui auraient un défaut de fabrication, leur permettant de les reconnaître par leur verso.
Le casino Crockfords gagne
Lors du procès, Ivey reconnaît alors les faits, mais refuse l’idée que son action soit considérée comme de la triche. Il estime plutôt son acte comme une volonté de vouloir profiter d’une faille de l’établissement, rejetant même la responsabilité sur le casino. Deux ans plus tard, le joueur perd son procès face au Casino anglais et la Cour Suprême britannique accepte cependant la décision de Phil Ivey de faire appel.
Une nouvelle défaite en appel
Nous sommes la fin du mois dernier, octobre 2017, et même si Phil Ivey ne s’est jamais dérogé de sa ligne de défense, le verdict de la Cour Suprême britannique est tombé et a soutenu la décision de Crockfords de confisquer les gains du joueur sous prétexte que le « hasard » était un élément essentiel du jeu du Punto Banco, les cartes étant distribuées de façon « tout à fait aléatoire et non reconnaissables ». Les juges ont estimé également que le joueur avait certes agi de manière « intelligente et habile », mais qu’il avait cependant bien « inévitablement triché ». Phil Ivey a réagi à cette dernière décision en proclamant une nouvelle fois son « honnêteté » : « En tant que joueur professionnel, mon intégrité est tout pour moi. C’est pour défendre mon sens de l’honneur et la façon dont les joueurs professionnels comme moi jouent que j’ai entrepris cette action en justice. La décision de la Cour suprême n’avait aucun sens, les juges britanniques n’ont aucune expérience ou compréhension des casinos. S’ils en avaient, la décision aurait été en ma faveur ».