Considéré comme le plus grand casino d’Europe et situé sur les bords du lac de Lugano, le casino de Campione a été rénové en 2006-2007 par l’architecte tessinois Mario Botta et propose pas moins de 13 étages dont sept souterrains. Il a remplacé le vieil édifice construit en 1933 sur requête de Benito Mussolini. Il s’agit ici d’un casino historique du poker européen dont les joueurs italiens Isa Senkal et Pasquale Vinci sont les plus gros adeptes avec pas moins de 38 places payées dans les plus gros tournois organisés sur place.
Un casino en grosse difficulté financière
Dans un récent article, on apprend que le casino situé à Campione d’Italia, une destination prisée des joueurs francophones suisses et des passionnés du Sud de la France, est en grosse difficulté financière. Et cette semaine, on en sait un peu plus sur cet établissement qui pourrait bien disparaître cette nouvelle année 2018…Mais que se passe-t-il pour qu’il en soit arrivé là ?
Eh bien, le casino se trouve en fait situé dans une enclave italienne, en territoire suisse, et n’a plus de quoi payer l’électricité selon le nouveau maire, Roberto Salmoiraghi qui parle alors d’une dette de presque 107 millions pour la maison de jeu.
Toujours selon le maire, Salmoiraghi, la ville est en danger de cassation de paiement par ricochet et ne se trouve pas dans une « situation mauvaise, mais plutôt dramatique ». L’été dernier par exemple, les salaires de juin de tous les employés municipaux n’ont pas été payés. Ne sachant pas sur le moment s’il existerait un avenir, le nouvel élu explique le coeur serré qu’il s’agit d’une situation critique à régler dans les quelques mois à venir. On fait face cependant ici à une tactique qui est de crier au loup. Une situation qui est souvent mise en avant et qui a pour effet de faire bouger habituellement les banques afin de régler la situation au plus vite.
Et le couperet tombe pour ce début d’année
Nous sommes à la moitié du mois de janvier et donc tout au début de l’année 2018 et la mauvaise nouvelle tombe. La justice italienne demande en effet la mise en faillite du casino de Campione d’Italia pour insolvabilité. Une bataille s’engage alors avec le syndic de l’enclave italienne au Tessin, qui conteste fermement cette décision, appuyant que cette fermeture mettrait selon lui 600 emplois au chômage. Il ne faut pas oublier que le casino municipal de l’enclave italienne de Campione d’Italia, immense édifice situé en face de Lugano, est l’un des plus importants casinos d’Europe, et qu’il emploie donc beaucoup de personnel et se trouve être un établissement de jeu qui est pratiquement l’unique ressource fiscale et l’unique employeur de Campione. Au bord de la faillite, il a donc attiré le regard du Ministère public de la province qui mène alors depuis quelques mois une enquête sur la maison de jeu.
Une affaire de gros sous et 600 emplois en danger
Chose qui n’est pas vraiment étonnante, on parle ici de dettes importantes. La société gérant le casino, contrôlée par la municipalité, devrait verser à la commune quelque 700 000 euros tous les dix jours ; faisant grimper à ce jour une ardoise qui se monte à 33 millions de francs. Sans compter que le casino doit également près de 39 millions aux banques, selon un rapport publié lundi 15 janvier 2018 par l’agence ANSA. Le syndic de Campione d’Italia et Roberto Salmoiragh s’inquiètent : « Ce serait le premier casino du monde à finir en banqueroute ou à demander un dépôt de bilan. Et si faillite il y a, que se passera-t-il après ? ».
Confirmant que la commune n’a jamais reçu ces fonds, il conteste alors la demande du parquet en relevant « l’imprécision » de certains faits énoncés et en soulignant que « jusqu’ici, nous avons survécu ». Une situation plutôt dramatique qui, si elle se transformait en faillite et en fermeture du casino, mettrait en danger les emplois d’une centaine d’employés de la municipalité et de 500 salariés du casino.
Un plan de sauvetage
Roberto Salmoiraghi explique qu’il faudra procéder à des coupes sévères, à hauteur d’au moins cinq millions de francs en 2018. Mais il ajoutera également qu’il existe selon lui une marge pour sauver le casino de la faillite. Il propose un plan de sauvetage qui prévoit notamment une réduction de salaire de 20% pour les employés communaux et une baisse des retraites, alors que des subsides sont versés dans l’enclave italienne pour compenser le coût de la vie en Suisse. De plus, on apprend que le syndic a menacé de démissionner si son plan est refusé. « Nous avons bénéficié de 40 ans de bien-être absolu grâce au casino. Aujourd’hui, nous devenons pauvres. Nous devons travailler pour survivre, en faisant des sacrifices ». L’affaire continue donc et le casino devra expliquer d’ici la date du 12 février, comment il entend faire face à la situation devant un tribunal qui prendra alors sa décision le 12 mars sur cette demande de mise en faillite.